samedi 19 mai 2007

information, crainte et domination

Il semblerait que ce qui régit les rapports humains soit l’information et les rapports d’autorité qu’elle engendre. A tous les niveaux. Dans toutes les sociétés. Qui sait quelque chose de plus qu’un autre impose un respect obscur à cet autre. Obscur parce que ce dernier, s’il ignore ladite information, ne sait pas pourquoi il est en position d’infériorité. Il le sent, le perçoit perpétuellement. Il se conforme à cette loi, et n’ose affronter son supérieur, parce que cela reviendrait à défier cette notion qui a valeur de vérité inaliénable pour lui. A la perspective de vaincre son supérieur et d’endosser ses responsabilités, cet autre prend conscience de la précarité qui caractériserait alors sa situation. Il n’aurait pas l’information qui rendait son supérieur apte à commander, il serait donc en position d’illégitimité, en danger.

Laisser son supérieur commander, même quand on se sait physiquement supérieur à lui, et craindre d’endosser ses responsabilités de peur de faire preuve d’incompétence, voilà la règle qui nous habite en permanence. Certains se soumettent aveuglément à cette loi sociale, et gobent docilement les ordres, s’assurant par là même un avenir humble et ordinaire, sans vagues d’excitation certes, mais au moins sans lames de fond destructrice. Parce que nous tenons à la vie. D’autres étudient le comportement de leur supérieur, tentent, puisqu’ils ignorent l’information, de l’acquérir, afin de pouvoir un jour égaler ce supérieur, puis le dépasser, ce dans le but de s’accaparer son pouvoir de manière légitime et naturelle. Souvent, ils complètent cette discipline évolutive en veillant à ce que leurs égaux et leurs subalternes n’aient eux-mêmes pas accès à cette information. Limitant leur compétitivité, évoluant dans le mystère, ils laissent les proies de leur stratagème comportemental s’interroger sur les causes de leur succès, constituer, fortifier et préserver leur mythe, factice en grande partie, jouant ainsi de leur ignorance.

Dans quelle catégorie nous trouvons-nous ?

J’imagine que nous sommes tous subalternes, évoluant et supérieurs à notre manière, en fonction de nos domaines d’activité, qu’il en a toujours été ainsi, et que cette logique sera propre à l’humanité aussi longtemps qu’elle vivra. Le tout serait peut-être de prendre conscience de la manière et du degré auxquels nous lui sommes soumis. Nous rendre compte des voiles d’éther que nous prenons pour des murs infranchissables, deviner qui les a placés là et pour quelle raison, savoir définir nos objectifs, mettre en œuvre les stratagèmes nécessaires à leur satisfaction, prendre garde à ne pas tomber dans l’excès de confiance, afin de ne jamais retomber. Retomber, ne serait-ce pas la pire des perspectives ? C’est ce qui pousse les craintifs à s’enterrer, et à taxer ceux qui osent l’aventure d’inconscience. Inconscience, vraiment ?

S’affronter par connaissances interposées.

Aucun commentaire: