vendredi 9 février 2007



Un vieil érudit dont les pensées malicieuses s'évadent et virevoltent, prenant la forme de feux follets malicieux qui semblent lui rappeler l'étrangeté et le fantasque de son existence. Esquissé dans le train, encré et colorisé entre 00 h 04 et 2 h 57.

mardi 6 février 2007

mardi 6 février 2007 :

J’ai 19 ans,

Il m’arrive, dans certains instants de solitude, d’apathie et d’attente, de haïr la tournure que prend mon existence.

Le Renard Noir suit avec assiduité des cours de langue.

Hier, cours de littérature. Le Renard Noir s’assoit à l’une des premières places, devant le bureau magistral. A moitié parce que la littérature l’intéresse, à moitié parce que c’est l’une des dernières places de libre (fond monopolisé par la multitude insouciante et lascive de ses contemporains humanoïdes).

Poe, Whitman et Emerson le transcendent. Particulièrement Whitman : le Renard Noir l’admire pour ses idées, pour son intégrité assumée, pour la liberté, la désinvolture et la passion énergique de ses propos.

Les vers libres de Whitman le spartiate se décrochent de l’épaisse bible magistrale et se perdent dans de grands yeux bleus légèrement grisés par la sagesse.

Ils renaissent dans la chaleur gutturale de celle dont ils ont dû être, pendant ses plus belles années, les plus valeureux camarades, surgissant dans sa bouche et roulant avec une vigueur inchangée sur sa langue aimante.

Ils s’articulent entre des lèvres que la nostalgie fait tendrement sourire et jaillissent, empreints de leur intime révérence, jusqu’aux oreilles d’une audience léthargisée par deux heures et demie de cours.

Seul le Renard Noir et quelques uns de ses camarades semblent avoir prêté attention à la passion de ces retrouvailles. Ils sont les témoins privilégiés de l’amour filigrané qui a uni ces deux êtres pendant tant d’années.

Mais le Renard Noir perçoit aussi la tristesse et la désillusion des grands yeux bleus qui, après avoir caressé les éloquences sacrées de Whitman, constatent l’absence apparente de réaction dans l’assemblée.

Puis les grands yeux bleus rencontrent le regard du Renard Noir, et le Renard Noir leur sourit.