dimanche 30 mars 2008

Postmodern

Tout est positionnement

On se cale, on s’évalue, on se compare, on reste, on repart, on transige, on choisit le meilleur, on croit choisir le meilleur, s’exerce, on jette, on croit encore à la nature, on croit qu’il existe encore l’infini, le pur, on respecte, on transgresse, on pleure, on perd ses certitudes, on les troque contre d’autres certitudes, on les garde au chaud, on les reperd, on ne comprend plus rien, on est beau, on est bête, on est moche, on est petit, on s’élève, on s’efforce, on comprend, on essaie de discerner, on s’émeut…

Je n’y crois plus. Je succombe à la facilité de la ponctuation. Je masque, enjolive, je regrette, j’aimerais, je perds, je perds encore, je cède, je tremble, je pars, j’erre, j’évacue, je me dessèche, je tourne, je n’ai que vingt ans, mais j’ai déjà vingt ans, je glisse, je dérape, je suis un échelon relatif, une réalité vacillante, un ensemble qui mute sans cesse, un verre d’eau, je veux être, je ne suis pas, impossible que je le devienne, je le suis déjà, j’ai une valeur, je ne crois en personne, j’ai des amis, je mens, je suis naïf, ma naïveté me troue le cul, j’ai faim, je gâche, je n’arrive pas à mettre un nom sur mon ombre.

Tu es belle, jeune, flottante, figée, triste, chaleur, reflet, tu es pure, tu es blanche, tu respire, tu seras idéale, tu attends, tu m’aimes, tu te détestes, mais si seulement tu savais comme le monde ne te vaut pas, comme ta grâce le rend laid, comme il te jalouse. Je rêve de laisser ma main nager dans tes cheveux, juste au dessus de ton oreille, laisser leur parfum couler dans la noirceur vide et puante de ma cage, accrocher mon regard à ton âme, devenir la chair de ton cou, te serrer contre ce qu’il reste de ma sincérité, laisser ses battements redevenir humains au contact de ton front, faire planer mes lèvres le long de tes joues, les laisser frôler la soie rosée de ta bouche, sentir l’énergie vrombir sous le vermeille de sa chair, laisser la mienne lui répondre, l’éblouir, en épouser les valons, en boire la douceur jusqu’à la lie.

L'Adolescent

Allez-vous faire foutre !

J’ai compris votre logique. Vous mentez, et admettez qu’on vous mente. Vous rentrez dans le jeu des autres, parce que vous voulez pouvoir le leur rendre aussi. Vous le faite parce qu’il n’y a rien d’autre à faire, pare que la vie marche ainsi.

C’est ce que vous croyez.

Mais la vie est faite d’autres choses encore. De richesses dont vous ne soupçonnez rien, parce que vous vous êtes murés dans un silence sentimental et avez adopté des œillères par convenance, pour ne pas vous laisser impressionner par la folie du monde, pour vous défendre contre l’aléatoire.

Ma vie à moi est faite de couleurs, d’herbe et de sourires. Je perds mes yeux dans le bleu du ciel quand vous regardez vos pieds ; je lis les nuages quand vous pestez contre ce qui vous entoure ; je vous vois et vous aime quand vous n’osez pas vous regarder ; je m’abandonne à l’insaisissable du monde quand vous tentez de le contrôler ; je contemple quand vous vous essoufflez ; j’essaie de comprendre quand vous fuyez ; j’assimile quand vous rejetez ; je rêve quand vous raisonnez ; je raisonne quand vous rêvez ; je suis grand quand vous êtes vieux ; je suis sage quand vous êtes blasés ; je crois en l’infinité des bonnes voies, quand vous ne voyez qu’un seul chemin boueux.


Je crois en ma multiplicité et en mon perpétuel changement quand vous vous croyez un et déterminé.