jeudi 25 janvier 2007

L’histoire de Franky, crotte itinérante.

Il fait noir… Franky s'éveille, alarmé par d'étranges grondements. Il ne sait pas qui il est, ni comment il est arrivé ici... Les gargarismes s'intensifient... Son in­quiétude grandit. Dans la pénombre suffocante, un orifice semble s'ouvrir, et dé­verse d'étranges formes, aussi sombres que le cloaque putride dans lequel il se trouve. Devant ses yeux se produit un effrayant spectacle : les masses semblent se mouvoir... Elles s'assemblent et avancent vers Franky, qui réalise alors qu'il ne peut pas bouger. L'horreur est à son paroxysme lorsqu'il prend conscience de son propre aspect : il est en tout point semblable à l'immonde amas de matière noire qui progresse inexorablement vers lui... Impuissant, désemparé, notre malheureux héro ne peut que contempler le triste ballet. L'absurde masse sombre le touche, à présent. Mais à son grand étonnement, le contact se révèle des plus agréables. Ses craintes s'effacent, à mesure que son plaisir augmente, un plaisir qu'il sait ina­vouable, presque obscène. Les caresses tendres et moites provoquent une euphorie que Franky ne cherche plus à réprimer. Il s’abandonne à cette communion tactile, jouet de ses sens en extase. Mais soudain… Le cauchemar recommence… Les sons étouffés, que Franky avait presque oubliés, redoublent d’intensité. De pro­fondes contractions déforment les parois tièdes et suintantes de l’étrange endroit où il se trouve. La pression augmente dans l’abominable chambre, et un nouvel orifice, qu’il n’avait jusque-là pas aperçu, cède sous les assauts des contractions… L’air vivement expulsé fait vibrer les membranes de ce singulier trou, provoquant une musique infernale qui fait se tordre de douleur notre infortuné camarade. Franky se rend compte alors qu’il peut bouger, et tente misérablement de s’extirper du souffle qui tente de l’entraîner dans ce puis inconnu. Mais ses efforts sont vains, et il aperçoit déjà une lumière aveuglante s’engouffrer dans la puante prison, et l’attirer vers un monde qu’il ne connait pas, et ne veut pas connaître. Il est trop tard, et Franky se laisse happer par cette force transcendantale. Il glisse à travers l’orifice, plus facilement que sa corpulence ne l’aurait laissé croire. Il se sent flotter dans un air pur, nouveau. Mais son répit n’est que de courte durée : à peine sent-il l’espoir renaître en lui qu’il se voit plonger dans un liquide froid, aux abysses insondables. Figé dans une innommable douleur, il coule lentement, et sent ses chairs éponger le liquide glacial. Franky sombre dans une torpeur qu’il ne se sent plus la force d’affronter. Il a déjà subi tant d’épreuves, enduré tant de sup­plices, qu’il ne se sent plus capable que d’accepter cette paisible et silencieuse fin. Sa perception s (obscurcit… Mais Franky sourit, stoïque devant sa destinée… Un voile passe au dessus de son regard apaisé. Ici, comme au ciel, une courageuse étoile s’est éteinte.

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